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dimanche 29 novembre 2009

l'odeur des touristes...

C'était si bon de retrouver tes pavés, certes froids mais si familiers
Des heures d'errance entre tes murs, ma belle Strasbourg
et tous ces nouveaux amours...
Cela faisait deux semaines à peine que je posais mes fesses dans tes ruelles
l'accordéon rien que pour toi et moi, seuls au monde et nos musiques

Mais ces jours ci tout a basculé
Comme chaque année on a vu des petits chalets pointer le bout de leur toitures
Toutes parées de fausse neige et guirlandes criardes
des hauts parleurs se sont incrustés entre les notes que je te dédiais
Plus que des chants de noëls ce sont d'horribles gargouillis qui troublent nos journées

Et puis les voilà qui arrivent, bien chapeautés de bonnets de père noël, parures de rennes
Leurs appendices rouges de froids, le porte monnaie greffé au coeur
Ah ils ont beau remplir chaque jour ma besace de leurs pièces
Je commence à nouveau à les haïr et marche la tête enfoncée dans mon cache nez

Ces troupeaux qui n'ont que faire de la pauvre mémé, du cycliste ou du bébé emmitouflé
Ils bousculent tout sur leur passage, marchants à grands pas dans la cité
Leur invasion est une atrocité pour les solitaires, les rêveurs, les flaneurs...

Que j'aimerais tant qu'ils se souviennent comme moi
du temps où ils n'y avait que quelques cabanes
Où l'on sentait encore l'odeur des bredeles envahir les rues plus que celle de cette volaille qui nous surveille
Où les châtaignes chaudes nous brûlaient les doigts et que l'on pouvait s'asseoir n'importe où
sans tous ces yeux vitreux pour nous faire sentir que par ici on ne flâne pas, on circule, on consomme!
Que j'aimerais tant qu'ils se souviennent comme moi, que noël ce n'est pas ça

Tant pis, coûte que coûte on résiste, on continue à jouer ces valses
Pour cette mamie qui passe tous les jours et souris
Ce monsieur qui me tend souvent un petit morceau de pain d'épices
Ces gens qui viennent tous les jours s'asseoir à côté de moi
et profiter de mes fausses notes!
Ceux et celles avec qui je picole sur les bords de trottoirs, ceux et celles qui perdus au milieu de la ville
comme moi sentent le vent leur chatouiller les doigts de pieds au travers de nos chaussettes de grosse laine

Eux, plus que ces troupeaux qui font sonner mon chapeau de leurs espèces
je les aimes pour les sourires qu'ils me donnent
et que les touristes aillent au diable,
Tout autant que cette veste bleue qui me montre du doigt et me chasse de place en place.

Strasbourg capitale de noël, mon cul oui!
Strasbourg ma belle amour, Strasbourg c'est sûr je te reviendrais toujours
La poche vide ou pleine, la bouteille vide ou pleine
Ce sont tes ciels que j'ai envie de chanter
et en janvier quand ils se seront tous fourvoyés tu me reviendras!

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